Désorientale, par Négar Djavadi

Publié le par Les Soeurs Éclectiques

🌪 Moulin-à-Vent🌪

* Titre : Désorientale 

* Auteure : Négar Djavadi

* Éditeur : Éditions Liana Levi

* Genre : Roman Fiction littéraire 

* Format : 347 pages + généalogie de trois (3) générations

* Prix : 21,95 $ Collection Piccolo, 38,95 $ Collection Littérature Française, 30,07 $ numérique ou 22 €

 

* Mon avis perso :

Un coup de cœur pour moi.  Ce qui est humain me touche ; et ce livre est d’une humanité transcendante.

Déjà le titre nous indique que le sujet de ce roman prend racine en Orient mais que la suite sera ailleurs.  Kimiâ a deux sœurs plus âgées, mais, bien qu’elle les aime, celles-ci ne lui ressemblent pas.  Kimiâ rêve d’être comme le voisin : demeurer la poitrine nue et fumer tranquillement sa cigarette.  Les deux générations qui l’ont précédé ont imprégné histoires et légendes sur sa famille, sur sa peau.   Devra-t-elle se conformer à la tradition et subir une vie régie par d’autres ?

Il y a pléthore d’oncles et de grands-pères pour les deux générations précédentes, ce qui devient légèrement ardu, mais le tout se replace dès que l’histoire se concentre sur la dernière génération.

Il y a également une généalogie à la fin du volume (pages 349 et 350), ce qui n’est indiqué nulle part.

À 10 ans, Kimiâ doit clandestinement s’exiler en France.  Cette France connue en Iran par ses grands auteurs classiques ressemble de nos jours à un mensonge.  Kimiâ se sent trompée et trouve très lourd le prix à payer pour y survivre. 

Le passé iranien avec les oncles et les parents s’inclut difficilement dans la quotidienneté française.  Son père, héros médiatique des opposants du shah puis de l’Ayatollah, est massacré en France.  Il porte le prénom de Darius, un des héros perses de l’antiquité.  Pour se trouver, Kimiâ tente de s’évader de toutes conventions, qu’elles soient iraniennes ou françaises.  L’adolescence est dissolue.  Sa féminité cherche avec grande difficulté à s’exprimer.  Sa sexualité est hybride et l’empêchera peut-être d’être mère.  Son avenir apparaît sombre, mais l’espoir demeurera-t-il ?

Ce roman mêle l’histoire et la politique. Je me souviens que lorsque j’étais jeune et que j’entendais parler du Shah d’Iran, des images mentales des Contes des Mille et une nuits me revenaient : Ali Baba, Shéhérazade et autres.  Aujourd’hui, la sale politique a remplacé ces images et ce roman en décrit de grandes esquisses.

C’est complexe, mais d’un intérêt qui ne se dément pas. Négar Djavadi a remporté le prix de la Porte Dorée 2017.  Ce prix récompense chaque année une œuvre de fiction écrite en français et ayant pour thème l’exil, l’immigration, les identités plurielles ou l’altérité liée aux réalités migratoires.

À lire !

 

* Résumé de la 4e :

Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s'enchaînerait bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l'étourdissant diaporama de l'histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence, l'ivresse du rock, le sourire voyou d'une bassiste blonde ...

Une fresque flamboyante sur la mémoire et l'identité ; un grand roman sur l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui.

Négar Djavadi naît en Iran en 1969 dans une famille d’intellectuels opposants au Shah puis à Khomeiny.  Elle a onze ans lorsqu’elle arrive clandestinement en France.  Diplômée de l’INSAS, une école de cinéma bruxelloise, elle travaille plusieurs années derrière la caméra avant de se consacrer à l’écriture de scénarios.  Elle vit à Paris.  Désorientale est son premier roman.

 

* Ma Note : 8,5/10

Publié dans Fiction

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